Arrivée chez nous à l'âge d'un mois, tu es tout de suite venue vers nous avec ton petit museau noir. Et peut t'importait qu'à ce moment là, ta mère eut encore peur des humains.
Tu sautillais, trottais et galopais dès que tu en avais l'occasion et tant que ton corps te l'a permis.

Au fur et à mesure de ta croissance tes pattes arrières se sont resserrées. Nous avons alors découvert avec toi l'ostéopathie équine peu de temps après ton premier anniversaire.
Cela ne t'a pas plu au début mais avec un peu d'acupuncture ça passait mieux. Et sitôt la séance terminée, tu retournais voir Diva.

C'est alors que le verdict est tombé : bassin fermé compensé par les lombaires et cervicales. L'origine ne pu être que supposée par le vétérinaire : traumatisme ou difficultés lors de ta naissance.
Nous regardons alors mieux nos photos de toi et remarquons que tu es arrivée avec ce problème. [Première ânonne de la maison, nous ne l'avions pas remarqué à ton arrivée]
Tu devenais alors la plus jeune de nos retraités.

On nous a dit que rien n'était figé. Tant que ta croissance n'était pas terminée, tout pouvait encore évolué dans un sens comme dans l'autre.

Les évolutions entre tes deux premiers anniversaires furent plutôt encourageants. Tu marches mieux et commences à faire travailler ton dos au lieu de le bloquer. Il t'arrive même de tenter de trotter à nouveau.
Est-ce l'ostéo, ton régime particulier, l'homéo ou le reste ? On s'en moque, ton état s'améliore.

Et puis ce fut le retour de l'automne et son humidité, et tes difficultés sont revenues. Il est vrai que tu as bien grandi mais ton corps ne suit pas ton esprit.
Puis le mois de février fut le plus dur pour toi. -2° la nuit et 20° l'après-midi, tu n'as pas pu t'adapter. Tu recommences à chuter, mais tu avais un moral d'acier. Et gare à celui qui aurait voulu te faire croire le contraire.
A ce moment là, deux de tes lombaires commençaient à se souder.

Et peu de temps après dans le mois de mars, il t'a fallu l'aide de Nicolas pour te relever. Ton esprit lui était toujours là, plus battante que jamais. Tu t'es même crue capable de botter Valentin alors qu'il zieutait sur ton seau.

Peu à peu nous avons perdu l'espoir de te voir te relever seule un jour. Mais nous t'avons promis que tant que tu montrerais des signes d'envie de vivre, nous serions là pour toi.

J'entends encore le vétérinaire nous dire il y a dix jours de cela, qu'aucun de tes organes ne montrait de signe de relâchement ou de dépression.

Et puis hier, tu n'as plus voulu te lever.
D'un échange de regard, nous nous étions compris mais nous refusions de le dire. Un appel vers ton vétérinaire et nous avons eu la confirmation que te laisse ainsi ne serait que souffrance pour toi.
Malheureusement il était déjà tard dans la soirée et je pense que nous n'étions pas prêts.

Ce matin, ton regard avait changé. Nous avons pris la décision de te libérer de ce corps qui était devenu ta prison mais nous tenions à être présents tous les deux à tes côtés.

Le temps que le vétérinaire arrive, nous avons pu discuter avec toi et nous assurer que tu saches à quel point on t'aime.

Ce soir on pleure ton départ, mais le plus important c'est que ce soir, tu ne souffres plus.

Merci d'être entrée dans nos vies.