La mamelle et les trayons gonflés, Juju nous indiqua que la naissance aurait lieu ce dimanche ou dans la nuit. Cependant elle resta paisible tout au long de la journée. Profitant même d’un bon bain de poussière dans l’après-midi.

Ce ne fut que vers 20h que madame se mit à l’écart du troupeau, elle qui déteste la solitude, c’était donc le signal du début du travail. Elle fit le tour des prés pour chercher l’endroit qui lui conviendrait le mieux. En la regardant faire, je compris alors qu’elle voulait aller dans un pré plus bas que celui dont elle disposait. Je descendis lui ouvrir puis la laissa continuer seule sa recherche tout en la gardant à vue.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, elle se couche enfin. Puis se relève. Se couche encore, tente de se rouler légèrement et ainsi de suite plusieurs fois. Beaucoup plus de fois que pour les autres mises-bas auxquelles nous avons assisté jusqu’à présent. Elle tentait peut-être d’aider la petite à bien se placer pour la sortie…

Je commençais à trouver ce travail assez long et il n’y avait toujours pas de sabot1 à l’horizon. Je décidai alors de me rapprocher d’elle pour m’assurer qu’il n’y avait pas de problème. Au bout de quelques minutes, qui me parurent bien plus, la poche arriva puis un premier sabot (et dans le bon sens). Le second se fit lui aussi désirer.

Il n’y avait pas qu’à moi que le travail semblait long. La pauvre Julianna avait un regard que je ne lui connaissait pas et serrait les dents de toutes ses forces alors que peu de contractions et de poussées étaient visibles. Je fis alors signe à Nicolas pour qu’il me rejoigne avec la trousse à pharmacie. Le temps qu’il me rejoigne et le museau commençait enfin à apparaître.
Comme il restait encore un long chemin à parcourir, nous lui donnâmes de l’homéopathie pour rendre les contractions plus efficaces. Après encore quelques minutes et encouragements, la tête fut enfin sortie. La petite avait décidé de mettre notre patience à rude épreuve. Juju avait mal et fatiguait. Nicolas décida alors de l’aider en tirant la petite lors des poussées suivantes pour le passage des épaules. Après normalement tout glisse tout seul grâce à la mère qui se relève (sauf pour Jaspe, cf : naissance de Jaspe). Problème Julianna n’avait pas la force de se relever à ce moment-là. Nicolas aida donc la petite à terminer sa sortie. Il était 21h30.

Nous apportâmes de l’eau et des bouchons de foins à Juju pour lui permettre de reprendre des forces, et lui glissâmes quelques granules d’arnica entre la gencive et la lèvre. Cependant elle n’avait ni faim ni soif.
Il n’y eu qu’un avantage à sa fatigue. En effet, cela nous permit de faire les premiers soins de Louve tranquillement.

Très rapidement debout, elle fit ses premiers pas sous le regard de sa mère encore couchée. Et quand Julianna se releva, elle lui offrit son premier bain. Elles échangèrent ainsi leurs odeurs respectives pour se reconnaître en tant que mère et fille.

La première tétée eu lieu une demi-heure plus tard. Non parce que Louve avait faim bien au contraire mais pour soulager Julianna. Il fallut alors motiver la demoiselle comme une chevrette². Par la même occasion, ce premier repas aida à provoquer la délivrance3 de sa mère.

Le plus important étant fait, nous les laissâmes pour la nuit dans un parc à l’abri des Z’oreilles curieuses.

Louve a maintenant presque 3 semaines et tout se passe à merveille. Son apprentissage du papouillage se passe on ne peut mieux. Elle accepte déjà la prise des pieds, l’observation des oreilles et des dents. La mère se porte très bien et est beaucoup moins craintive par rapport à la relation entre sa fille et nous que lors de la naissance d’Indie.

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Valentin quant à lui, fut un peu triste que son amie le délaisse pendant une bonne semaine, mais maintenant les relations sont retrouvées.
Tout cela présage donc un bel avenir.

Il est juste presque impossible d'avoir une photo réussie de cette petite curieuse et gourmande de câlins...

1 Les ânon·ne·s se présentent par les pattes avant dans les mises-bas classiques.

² En la grattouillant au dessus de la queue ce qui entraîne un réflexe de succion car cela imite un geste fait habituellement par les mères lors des tétées.

3 Rejet du placenta