Depuis notre installation, nous avons toujours fait le choix de comparer l’entreprise à un arbre qui vient de germer.
Démarrer avec peu de ressources, puis quand les racines s’installent, aller chercher un peu plus, tout en faisant attention à ne pas pousser trop vite pour ne pas se fragiliser ou risquer d’épuiser nos réserves face aux aléas.

Alors au fur et à mesure des années, nous avons fait des essais. Certains moules ont grandis. Nous avons acheté un lave-vaisselle (au bout de 2 ans). Le mixeur a évolué quand celui pour particulier n’était plus assez puissant pour utiliser certaines matières premières. Et les saladiers inox servant à la préparation de la pâte à savon ont parfois1 laissé leur place à un seau de 10L.

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Mais l’idée de grandir doucement est toujours restée. Chaque investissement devait pouvoir être payé avec l’argent déjà gagné pour ne pas avoir la peur de ne pas vendre suffisamment pour rembourser les échéances et se créer soi-même une atmosphère pouvant être anxiogène.


Tout comme nous ne souhaitons pas acheter de matériel dont il est possible de se passer [nous estimons que très souvent c’est un engrenage qui impliquera l’achat d’un autre matériel plus gros, plus cher ou qui utilisera plus d’énergie, pour l’utiliser, le transporter, le laver etc] et que la sobriété [et donc acheter moins de matériel qui a aussi nécessité beaucoup d’énergie et de matières premières lors de sa fabrication] c’est bien aussi !

C’est pourquoi, aujourd’hui nos plus grosses fabrications en produit saponifiés à froid représentent 7,2kg de produits finis pour environs 8kg pâte à savon coulée, quand beaucoup de savonneries travaillent en moyenne des lots de 30kg, certaines allant jusqu’au m³ de savon/lot (oui oui, c’est toujours appelé de l’artisanat).





Mais pourquoi cette quantité précisément ?

Cette limite s’est imposée d’elle-même. Mon mixeur ayant une capacité de 12L², cette quantité me permet de réutiliser les seaux dans lesquels je reçois l’huile de coco pour faire mes préparations.
Le poids de l’ensemble fait que je peux le soulever pour mouler ou le déplacer sans avoir besoin de machine ni de levier et ce sans me blesser. De plus ces seaux restent faciles à laver par la suite.

Suivant les marbrages, il me faut également soulever les pichets de pâte colorée à tour de rôle et j’ai estimé que des pichets de 4L seraient également le maximum que j’imposerai à mes épaules pour les préserver dans le temps.

Comme pour les arbres, nous estimons qu’une fois une certaine taille atteinte, il est inutile de chercher à aller plus haut. Nous préférons choisir d’étoffer notre ramure et de créer un environnement sain à ce qui nous entoure afin de mieux vivre ensemble (on ne se compare donc pas à un noyer ;) ).

Alors pour ne pas devenir technicien·ne de machines.

Pour investir dans le vivant plutôt que dans le matériel

(je préfère acheter pour 1000€ d’arbres à planter plutôt qu’un mixeur).

Pour ne pas augmenter nos consommations d’eau et d’énergie.

Pour prendre soin de nous.

Nous avons fait le choix de fabriquer de petits lots mais plus souvent.

Et ça tombe bien, c'est une des parties du travail que j'apprécie !

Enfin en ce qui concerne les autres émulsions, pour les mêmes raisons, nos fabrications de crèmes ne dépassent pas les 2 kg par lot, soit 10 pots de lait pour le corps en 200ml et 4kg pour les baumes (nous ne l’avons fait qu’une fois, la plupart du temps nous sommes entre 2,5 et 3kg), soit un maximum de 100 pots de 50ml, ce qui est déjà énorme quand on étiquette tout à la main, à 3 étiquettes/pot3.

Et qu’est-ce que ce choix implique pour vous lorsque vous achetez un de nos cosmétiques ?

Vous soutenez notre artisanat mais aussi celui des artisans à qui nous faisons fabriquer et entretenir notre matériel : menuisiers, réparateur d’électroménager indépendant, ...

Vous validez notre démarche et trouvez que l’idée de sobriété c’est chouette.

Vous valorisez le travail humain plutôt que celui de machines (et celui des machines qui les ont fabriquées à l’usine avant).

En résumé, vous militez !

1Le choix de certains visuels de savons ou shampoings m’impose de garder les petits moules et récipients et dans ce cas les fabrications sont parfois de 17 ou 35 savons / fabrication.

² Pour un coût de 350€ à l’achat auprès d’une entreprise française. Certains mixeurs pouvant dépasser les 1000€ et certains gros matériels de savonnerie pouvant être importés des USA, Canada ou autres quand nos petits matériels peuvent être achetés en France voire même être fabriqués par des amis artisans.

3Avouez qu’on est loin des entreprises « artisanales » à x salariés qui passent les pots d’une machine à l’autre, et qui peuvent vous proposer des produits à bas coûts grâce à de gros investisseurs derrière.