Certes de part notre formation en Gestion et Protection de la Nature, nous sommes tous les deux conscients des enjeux de la préservation de la biodiversité en règle générale. Mais vous seriez-vous doutés que les oiseaux nous aident aussi au niveau de l'élevage ? Car c'est bel et bien le cas.

Tout d'abord il faut l'avouer, nos chats peuvent devenir un peu fénéants sur les bords. Alors que cette si belle chouette effraie qui nous fait le plaisir d'être installée dans la grange ne trouvera aucune croquette lorsqu'elle aura faim. Il lui faudra donc chasser pour se nourrir. Son régime alimentaire étant essentiellement composé de petits rongeurs (souris, musaraigne, mulot & campagnol) autant dire qu'elle nous aide à la régulation de leurs populations sans utilisation de produits chimiques ou dangereux. Et comme pour sa part elle chasse la nuit, le jour la buse variable et le faucon crécerelle (cependant encore assez peu présent chez nous pour ce dernier) peuvent prendre le relais même si leurs régimes alimentaires respectifs peuvent être plus variables.

Il faut savoir qu'une population trop importante de rongeurs peut avoir de graves conséquences. Si leur urine se retrouve en quantité importante dans le foin, cela peut être fatal aux ânes si on ne détecte pas le problème et qu'on continue à les nourrir avec ce foin.

Il y a ensuite les insectivores comme l'hirondelle rustique qui se nourrit d'insectes volant comme des mouches. Autant dire que nous sommes ravis de l'avoir vu se réinstaller chez nous depuis la création de la mare (qui lui a permis de trouver une source de terre humide pour construire son nid).

Mais quand on y réfléchie bien, même les granivores apportent aussi leur bec à notre édifice. Après s'être nourris, ils sèment des graines dans les prairies avec leur déjections. Ainsi ils participent à la diversification des végétaux et donc à une plus grande variété dans le régime alimentaire de nos ânes par rapport à un pâturage dans une prairie de ray-grass. Et tout comme pour nous, une alimentation variée apporte plus de vitamines et de minéraux et ainsi un meilleur état de santé général.

Enfin à titre informatif, les migrateurs nous donnent quelques indications sur le début ou la fin de l'hiver. En étant en plein passage de grues cendrés, c'est chaque année un moment d'émerveillement que de les voir et de les entendre passer juste au dessus de nos têtes.

Et tout cela n'est que l'aide qu'ils nous fournissent pour notre activité d'éleveurs. Il y a ensuite leurs coups de pattes et de bec pour notre potager et si on arrête de ne penser qu'à nous... leur rôle bien plus important dans l'équilibre biologique en général.

Alors que faisons-nous en particulier pour favoriser leur arrivée ou leur passage chez nous ?

Tout d'abord nous sommes devenus un refuge LPO1. Cela implique de répondre à différents principes comme :

- Créer les conditions propices à l'installation de la faune et de la flore sauvages
- Renoncer aux produits chimiques
- Réduire son impact sur l'environnement
- Faire de son refuge un espace sans chasse

En actions concrètes qui peuvent se retrouver dans ces différents principes nous avons par exemple :

- installé différents nichoirs pour les moineaux, les mésanges bleues, les mésanges charbonnières, les martinets. Nous aimerions prochainement en trouver un pour donner envie à Yaka (petit surnom donné au faucon de passage) de rester dans le coin.



nichoirs

- veillé à ne pas boucher les trous dans les murs qui peuvent servir de nichoirs naturels aux rouges-queues noirs et mésanges bleues.

   

- laissé un accès à l'intérieur de la grange pour les allers et venues de la chouette et des hirondelles.
- choisi de laisser trainer les poils issus de la mue des ânes pour qu'ils servent à la fabrication de leurs nids.
- creusé une mare2 : pour favoriser un point d'abreuvement constant et leur permettre de répondre aux besoins de certains
- planté des haies3 pour leur offrir refuge et nourriture quand celles-ci auront pris de l'ampleur.
- choisi de ne plus tondre et de ne couper l'herbe que par zone ou pour se faire des chemins. Cela assure alors une réserve alimentaire pour les granivores que l'on voit par la suite venir se servir sur les graminés.

Et le résultat est là. Depuis bientôt 6 ans que nous sommes ici, nous avons vu le nombre d'espèces différentes et parfois même leur population augmenter aux alentours de la ferme. Comme quoi, tout le monde peut réellement faire des petits gestes qui auront tout de même de grandes conséquences pour d'autres êtres vivants.


Si ça vous tente de votre côté, n'hésitez surtout pas, et pensez à vous rapprocher de la LPO qui pourra vous aider dans vos démarches et vos réflexions.



1 Plus d'infos sur les refuges LPO ici : Charte refuge LPO
2 Déjà un an pour notre première mare
3 Elles auront un article de blog prochainement pour expliquer leurs différents intérêts.