Un sympathique article de Vincent Ribault dans la Nouvelle République de la Vienne le 29.11.16 :
Pindray. Installée au hameau de La Roche à Baussant, Alice Bioche a monté son asinerie et fabrique des savons au lait d’ânesse. Rencontre.
Originaire de la Baie de Somme, Alice Bioche est titulaire d'un BTS environnement. Après deux ans passés dans une chèvrerie en Lozère, elle s'est installée à Pindray avec son compagnon, pour créer un élevage d'ânessespour lafabrication du savon.
Quatre traites par jour pour obtenir 1,5 l. de lait
« J'ai créé mon entreprise en mai 2016, précise-t-elle. Mon projet a tout de suite enthousiasmé les gens du village. Un voisin m'a prêté son pré et des agriculteurs m'ont offert de la paille. Les ânes suscitent de la sympathie. Affectueux, sociables, intelligents, ce sont des animaux faciles à élever et peu exigeants en nourriture (herbe et paille suffisent). Il faut surtout veiller à entretenir régulièrement leurs sabots et prévenir les maladies. »
Alice possède sept ânesses pour l'élevage (quatre adultes et trois jeunes) et trois ânes en retraite, issus d'un refuge. Le choix d'une asinerie relève aussi de considérations économiques : « C'est moins de prise de risque. L'élevage d'ânesses revient bien moins cher qu'une chèvrerie (1). Le prix moyen d'une ânesse commune se situe aux alentours de 400 € (2). »
La traite, entièrement à la main, passe d'abord par la reproduction et la gestation. « J'amène les ânesses au mâle vers l'âge de trois ans, une fois leur croissance terminée (3), explique l'éleveuse. La gestation dure un an. Je m'arrange toujours pour que la mise bas ait lieu au printemps. Je laisse la mère avec son petit pendant deux mois environ. La traite démarre lorsque l'ânon commence à se nourrir par lui-même. Je le sépare de sa mère le matin puis je fais quatre traites dans la journée, pour obtenir environ 1,5 litre de lait. La mère retrouve son petit vers 17 h. Je travaille dans le plus grand respect des animaux : si les ânesses n'ont pas confiance en moi, elles ne vont pas se laisser traire ! ».
Après filtration, le lait doit immédiatement être congelé afin de conserver toutes ses propriétés. Riche en vitamines, minéraux et oligo-éléments, le lait d'ânesse est bon pour la peau et le cuir chevelu. Sa transformation en savon est un véritable travail de chimiste. « Je travaille selon la méthode de la saponification à froid, détaille Alice. Le lait décongelé est ajouté à un mélange d'huiles végétales préalablement chauffées et de lessive de soude. Les parfums sont obtenus par adjonction d'huiles essentielles. J'ai élaboré mes propres recettes avec des ingrédients 100 % naturels. »
(1) Il faut compter 150.000 € pour une fromagerie aux normes. (2) Les ânesses du Poitou sont beaucoup plus chères et peu adaptées pour la traite, de par leur fourrure abondante. (3) Les ânesses sont fécondes jusqu'à l'âge de 20 ans.
Aux grandes Z'oreilles, savons au lait d'ânesse, vente directe à la ferme, 6, rue des Vieilles Vignes, à La Roche à Baussant, Pindray. Présente sur les marchés de Montmorillon, le mercredi matin, et Notre-Dame (Poitiers), le samedi matin. Vente par correspondance possible. Contact : tél. 06.99.85.50.03, auxgrandeszoreilles@gmail.com